Parents et parcours PMA : préserver le couple et le lien avec le futur bébé
Le parcours de procréation médicalement assistée (PMA) est une aventure souvent plus longue, plus complexe et plus éprouvante que ce que les futurs parents avaient imaginé. Entre examens médicaux, attentes interminables, annonces parfois décevantes ou porteuses d’espoir, ce chemin confronte les couples à une intensité émotionnelle particulière.
Préserver son couple et son projet parental au cœur de ce parcours n’est pas seulement un défi : c’est une ressource essentielle pour traverser cette épreuve et préparer l’arrivée, espérée, d’un enfant.
La PMA : quand le médical s’invite dans l’intime
Entrer dans un parcours de PMA, c’est accepter que la médecine se mêle à l’intime. Là où la conception est habituellement un moment spontané et privé, les protocoles, les bilans et les rendez-vous viennent s’imposer comme un tiers entre les partenaires.
La sexualité peut s’en trouver fragilisée : elle devient parfois rythmée par les calendriers biologiques, voire réduite à une fonction reproductive. Le couple, au lieu de partager un projet amoureux, peut avoir le sentiment de « devoir réussir » une mission médicale.
L’attente d’un enfant est toujours traversée par des fantasmes et des représentations, mais la PMA vient bousculer ce processus en introduisant un temps médical et technique qui s’impose au temps psychique.
L’attente, entre espoir et découragement
Chaque étape de la PMA est ponctuée de délais : attendre les résultats, attendre la ponction, attendre la prise de sang, attendre l’échographie. Cet « entre-deux » permanent crée une tension psychique particulière, faite d’espoir et de découragement.
Or, devenir parent nécessite un temps d’élaboration psychique, une capacité à rêver son enfant. Dans le cadre d’une PMA, cette projection est souvent mise à mal par l’incertitude. Certains couples se protègent en évitant d’imaginer l’enfant à venir, d’autres au contraire s’y accrochent comme à une bouée. Ces deux mouvements sont légitimes et traduisent la complexité du désir d’enfant.
Préserver le couple : un enjeu central
La PMA met à l’épreuve la communication, l’intimité et parfois la complicité des partenaires. Il n’est pas rare que chacun vive différemment les étapes :
- l’un dans l’action, l’autre dans l’attente,
- l’un dans le découragement, l’autre dans l’espoir,
- l’un dans le silence, l’autre dans le besoin de parler.
Ces décalages ne traduisent pas une incompatibilité, mais une différence de rythme. Ce qui peut fragiliser, mais aussi, à terme, enrichir la relation si chacun trouve sa place.
Quelques repères pour soutenir son couple dans ce contexte :
- Nommer ses ressentis : dire la fatigue, la peur, la colère, plutôt que les garder en soi.
- Se donner des espaces hors-PMA : partager des activités, des sorties, des moments de légèreté pour ne pas réduire la relation au projet d’enfant.
- Préserver l’intimité : retrouver une sexualité « non utilitaire », même si elle évolue au fil du temps.
- Ne pas hésiter à demander de l’aide : amis, famille, professionnels… le couple n’a pas à porter seul ce poids.
Le lien avec le futur bébé
Même en PMA, il est possible de commencer à construire un lien symbolique avec l’enfant désiré : poser des mots sur le projet, parler à voix haute de ce rêve d’enfant.
Certains parents préfèrent se protéger en ne projetant rien tant que la grossesse n’est pas confirmée. D’autres trouvent au contraire du soutien en donnant une place symbolique à cet enfant attendu. Ces deux positions sont légitimes : il n’existe pas une « bonne » manière de faire, mais celle qui permet à chaque couple de traverser ce temps.
Quand le soutien extérieur devient nécessaire
La PMA peut réveiller des blessures profondes (histoires familiales, représentations de la maternité/paternité, sentiment d’échec ou de culpabilité). Dans ces moments, un accompagnement psychologique peut offrir un espace pour déposer ce qui est trop lourd.
Dans mon expérience, que ce soit en maternité ou en cabinet libéral, j’ai vu combien ce travail d’élaboration — parler du désir d’enfant, de la souffrance de l’attente, de la peur de l’échec — aide à apaiser le vécu, à soutenir le couple et à redonner du sens aux projets de vie.
Pour conclure
La PMA n’est pas seulement un protocole médical : c’est une traversée émotionnelle, psychique et relationnelle. Préserver son couple et maintenir un lien, même symbolique, avec le futur bébé, c’est déjà poser les bases de la parentalité.
La psychologie périnatale nous rappelle que la prévention en santé mentale commence ici : dans la reconnaissance des émotions, dans la parole partagée, et dans le soin porté à soi, à son couple et au projet d’enfant.
Pour aller plus loin
- Association BAMP : soutien aux couples en parcours de PMA https://www.bamp.fr/
- Livre: Des paillettes dans l’éprouvette de Noura Delliaux