Quand la grossesse vacille : comment faire avec le temps suspendu ?

12 septembre 2025

Quand la grossesse vacille : comment faire avec le temps suspendu ?

La grossesse est souvent imaginée comme une période de joie et de sérénité. Pourtant, certaines femmes et certains couples doivent composer avec une grossesse à risque ou compliquée, marquée par des examens médicaux répétés, des hospitalisations.
Ce vécu particulier confronte les futurs parents à un temps suspendu, rythmé par les rendez-vous médicaux, les résultats d’examens et les consignes de prudence. Entre espoir et crainte, la grossesse n’a alors plus tout à fait le même visage.


Grossesse à risque : un temps médicalisé, un temps en suspens

Les grossesses dites « à risque » peuvent concerner des situations très variées : menace d’accouchement prématuré, hypertension, pré-éclampsie, diabète gestationnel, anomalies découvertes à l’échographie…
Ce qui les relie, c’est l’intrusion du médical dans l’intime : bilans, surveillances, échographies rapprochées.

Le temps n’est plus celui de l’attente confiante et de la préparation à l’arrivée du bébé mais celui des contrôles répétés et de l’attente, parfois vécue comme interminable, des résultats. Les futurs parents vivent dans un entre-deux : chaque rendez-vous médical devient une épreuve, chaque résultat un verdict momentané, jusqu’au suivant.
La grossesse, censée être un moment de continuité marqué d’étapes, se fragmente alors en une suite d’attentes et d’incertitudes.


Quand l’angoisse prend la place des projections

Ces situations rendent plus difficile l’investissement psychique de la grossesse. Certaines femmes décrivent un sentiment d’éloignement : « je ne me sens pas enceinte, je me sens malade », ou encore la peur de « trop s’attacher » à ce bébé avant de savoir s’il ira bien. Certains hommes évoquent leur sentiment d’impuissance à venir soutenir la future mère dans l’inconnu et à investir ce temps.

La psychanalyste Catherine Vanier souligne combien ce vécu fragilise le travail de représentation du bébé : imaginer son enfant, se projeter dans la parentalité deviennent plus complexes quand l’incertitude domine. La grossesse est toujours un moment de grande vulnérabilité psychique. Les imprévus, les annonces médicales, viennent bousculer ce travail intérieur, laissant parfois les parents sidérés ou sans mots.


L’importance d’un environnement contenant

Dans ce contexte, le rôle de l’environnement est central pour que les futurs parents puissent se sentir soutenus et contenus. Ici, cet environnement ne se limite pas au cercle familial et amical : il inclut les soignants, les médecins, les sages-femmes, les psychologues, tous les professionnels qui entourent les parents.

Le soutien ne consiste pas seulement à donner des informations médicales, mais aussi à reconnaître la dimension affective et psychique de ce parcours. Dire l’angoisse, accueillir les doutes, autoriser les larmes : autant d’éléments qui permettent aux parents de ne pas rester seuls dans ce temps suspendu.


Quelques repères pour traverser une grossesse à risque

  • Nommer ses émotions : mettre des mots sur la peur, la colère, le découragement aide à ne pas les laisser envahir tout l’espace intérieur.
  • Accepter un soutien : psychologique, médical, familial ou amical. Être accompagné n’est pas un signe de faiblesse, mais une ressource.
  • Maintenir un lien avec son bébé : même si c’est difficile, lui parler, poser une main sur le ventre, ou simplement penser à lui dans un moment de calme peuvent soutenir la relation naissante.
  • Se rappeler que rien n’est figé : chaque grossesse est une histoire singulière, marquée par des incertitudes mais aussi par des ressources et des capacités d’adaptation.

Pour conclure

Quand la grossesse ne se passe pas comme prévu, c’est souvent tout un imaginaire qui s’effondre. Au lieu d’un chemin de construction progressive, les parents vivent une succession d’épreuves et d’attentes, avec la crainte permanente de l’imprévu.
Pourtant, même dans ces contextes difficiles, il est possible de construire du lien, de rester parent en devenir, accompagné par un environnement attentif et contenant.

C’est dans ce travail délicat, entre la médecine et le psychisme, entre l’incertitude et l’espoir, que se joue déjà la relation avec l’enfant à naître.


Pour prolonger cette réflexion, des récits de parents permettent de mettre du corps, du vécu et de la douceur sur ce temps suspendu :